L’enjeu de ce WP est d’apporter des connaissances nouvelles sur des aspects liés aux dauphins pouvant conduire à des captures accidentelles, ainsi que des connaissances indispensables pour la gestion en termes de population(s) de dauphins communs affectée(s) par le phénomène de captures dans le golfe de Gascogne. La première étape sera ainsi de caractériser la ou les population(s) de dauphins communs fréquentant le golfe de Gascogne et la structuration côte-large de cette (ces) population(s), et de (re)définir les unités de gestion possibles de l’espèce en Atlantique Nord-Est. En parallèle, plusieurs aspects de l’écologie des dauphins pouvant influencer de façon majeure le risque de capture seront renseignés : l’état de santé des individus (principalement abordé via leurs niveaux de contamination), leur distribution spatiale et leurs mouvements à fines échelles et enfin, leur écologie alimentaire. Pour obtenir les échantillons nécessaires aux diverses analyses qui seront effectuées (traceurs génétiques et écologiques, contaminants, analyses trophiques, etc.), des échantillons issus de dauphins échoués et correspondant à des individus capturés sur le plateau continental seront sélectionnés, tandis que des biopsies effectuées sur des dauphins communs lors de la campagne DelGOST permettront d’avoir accès à des échantillons de dauphins issus de la zone océanique, a priori non affectés par le phénomène de captures. De nouveaux outils génétiques tels que l’ADN environnemental seront également utilisés pour évaluer leur potentiel à obtenir des informations supplémentaires en termes de structure des populations à partir d’échantillons non invasifs. Ce WP1 se décline en 4 tâches :
Pour la gestion des populations et la prise de mesures de conservation appropriées, il est important de connaître la structure des populations et de prendre en compte les différentes pressions (interactions avec les pêcheries ou pollution par exemple) qui peuvent les impacter.
Différents types de traceurs vont permettre d’évaluer la structure des populations et apporter des informations à différentes échelles de temps :
- les traceurs génétiques, qui reflètent des flux de gênes et une différentiation génétique à l’échelle des générations ;
- les traceurs écologiques (isotopie stable, certains contaminants…), qui reflètent des préférences d’alimentation/d’habitat à des échelles de temps plus courtes.
Coupler différents types de traceurs permet ainsi d’étudier la dynamique de la structure des populations (la même structuration est-elle observée aux différentes échelles de temps ?) et de définir des unités de gestion.
Cette première tâche propose de répondre aux questions suivantes :
- Peut-on identifier une (nouvelle) structuration des populations à partir des nouveaux outils (génétiques) à disposition ?
- Existe-t-il une ou plusieurs unités de gestion pour les dauphins communs fréquentant le golfe de Gascogne ?
- Peut-on utiliser de nouvelles méthodes (ADNe) pour caractériser la diversité intraspécifique chez le dauphin commun ?
Des survols aériens vont être réalisés pour suivre les variations à fine échelle temporelle de la distribution des dauphins communs sur le plateau du Golfe de Gascogne au cours de l’hiver 2023, saison majeure des captures. Une campagne similaire de survols en 2020 a en effet permis de mettre en évidence que les dauphins communs se rassemblent parfois massivement à l’intérieur du plateau continental pendant des périodes très courtes. Cette campagne aérienne à l’hiver 2023 sera par ailleurs réalisée en étroite collaboration avec les campagnes de déploiement de drones sous-marins réalisées dans le WP2 pour le suivi des petits poissons pélagiques, afin d’identifier des liens potentiels entre mouvements de dauphins et changements de distribution/de comportement des proies.
Cette troisième tâche propose de répondre aux questions suivantes :
- Quels sont les déplacements à fines échelles spatiale et temporelle des dauphins communs ?
- Quelles sont les variations de distribution des dauphins communs dans l’hiver au sein du golfe de Gascogne, avec quelle dynamique ?
- Peut-on relier ces déplacements et ces changements de distribution à d’autres facteurs écologiques ?
Les dauphins communs se nourrissent principalement de petits poissons pélagiques gras de type sardine, anchois, sprat, chinchard, maquereau sur le plateau. Aussi, les dauphins capturés présentent souvent des estomacs pleins avec des restes frais, ce qui suggère une capture en phase d’alimentation et pose question du rôle du comportement alimentaire dans le risque de capture. Dans le cadre de Delmoges, une actualisation des connaissances sur le régime et l’écologie alimentaires des dauphins communs dans le golfe de Gascogne sera réalisée, et les changements temporels éventuels appréhendés, à travers l’étude des contenus stomacaux (méthode directe d’étude du régime alimentaire) et l’analyse des isotopes stables tels que ceux du carbone et de l’azote (traceurs trophiques indirects).
Enfin, en lien avec le WP2 et afin de combler en partie le manque actuel de données concernant la distribution des petits poissons pélagiques en hiver (du fait de l’absence de campagnes halieutiques à cette saison), les dauphins dont les contenus stomacaux seront étudiés seront également utilisés comme échantillonneurs biologiques potentiels de ces poissons proies. Une spatialisation de la distribution des proies prédatées par les dauphins communs sera ainsi réalisée à l’aide du modèle de dérive inverse MOTHY.
Cette dernière tâche propose de répondre aux questions suivantes :
- Quelles sont les espèces proies préférentielles des dauphins communs lors des captures ? Ont-elles changé dans le temps ?
- Est-ce que les signatures isotopiques révèlent une évolution temporelle des zones d’alimentation chez le dauphin commun ?
- Est-ce que les dauphins peuvent être des échantillonneurs biologiques pour fournir des informations sur la distribution des poissons en hiver en absence de campagne halieutique ?